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a

- aa
Note de
l'auteur : Cette historique est basée sur la
lecture, le recoupement et l'analyse des articles
de presse parus dans les journaux le Matin, le
New-York
Times, le Journal et l'Auto, ainsi que le
magazine La Vie au grand air entre fin 1907 et
début 1909.
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Nous sommes à
Paris et un homme, la casquette visée
sur la tête, s'avance rue Saint-Honoré.
Petit de taille, l'allure vive et
déterminée il tourne à l'angle de la
rue Richelieu. Normand d'origine, au
caractère bien trempé, il est âgé en
cette année 1907 de trente-cinq ans. Sa
vie est faite d'aventures. Il s'embarque
à seize ans sur un navire de la marine
marchande qui fait naufrage dans la
Manche. On le croit mort. Un mois plus
tard, il se présente chez ses parents,
alors qu'il est officiellement porté
disparu. A dix-neuf ans il s'engage dans
l'infanterie de marine et se rend au
Tonkin. Là-bas, il tombe amoureux d'une
jeune fille, mais la belle préfère
partir dans les bras d'un officier.
Vexé, notre homme pour se venger met
sens dessus dessous les appartements de
son supérieur. Jugé,
il est envoyé au bagne. Libéré, il
retourne voir cet officier pour
l'agresser à son domicile et se retrouve
de nouveau en prison. Pour payer sa
dette, il s'engage dans la Légion
étrangère, mais son fort caractère ne
s'accommode pas de la rigueur militaire
et il se révolte, ce qui lui vaut un
nouveau séjour au bagne. Il part alors
quatre ans au Congo et y crée une
manufacture de caoutchouc. Journaliste à
"La Patrie", il entreprend de
faire le tour du monde à pied. Durant ce
périple, alors qu'il est soigné dans un
hôpital en Russie après s'être fait
attaquer par des brigands en Sibérie, il
rencontre Hélène Kreis, infirmière
bénévole qui deviendra sa femme.
Rétabli, il reprend la route, mais la
guerre russo-japonaise l'empêche de
poursuivre son chemin. Pour le compte du
journal "Le Matin" il s'en va
à dos de chameaux reconnaitre dans le
désert de Gobi la route que devront
emprunter le prince Borghese et ses
compagnons lors de la course Pekin-Paris.
Notre baroudeur s'appelle
Eugène Lelouvier, et aujourd'hui, ses
pas le conduisent au numéro 100 de la
rue Richelieu, devant les locaux de la
gazette "Le Journal". Il vient
porter la folle idée d'un tour du monde
en automobile. Mais face aux
tergiversations de l'équipe de
rédaction, notre globe-trotter s'en va
faire sa proposition au journal "Le
Matin". Bien évidemment, la
nouvelle se répand rapidement dans la
capitale et le 24 novembre 1907, arrive
au siège du quotidien cette missive :
"Monsieur
le président du conseil d'administration
du Matin
Le Matin a
organisé les 6,000 kilomètres à
travers la France pour démontrer de
quels efforts pouvaient triompher des
automobiles de différentes puissances.
II a fait plus : il a prouvé, en
patronnant un raid magnifique, que des
automobiles pourraient être non
seulement un précieux adjuvant à des
opérations militaires, mais un
merveilleux outil d'exploration et de
civilisation. Il a fait Pékin-Paris,
Pékin-Matin. Il peut faire mieux encore.
Il peut, s'il le veut, porter jusqu'aux
régions polaires la gloire de
l'automobile.
Je m'explique :
voici le défi que l'année 1908 peut
voir : Aller en automobile de New-York à
Paris sans emprunter le secours d'un
paquebot, et, par surcroît, boucler le
tour du monde sur sa plus grande largeur.
En effet, c'est en plein hiver que l'auto
doit maintenant faire ses preuves, et,
avant que Charcot la conduise au pôle,
elle doit, sous l'égide du Matin, braver
les glaces boréales et les mornes
solitudes sibériennes, pénétrer chez
les peuplades les plus farouches et les
plus inaccessibles. Ceci n'est point un
rêve irréalisable. Christophe Colomb se
lança jadis à la conquête de mondes
inconnus. Ici, nous avons un plan, et
voici les points principaux de ce
formidable voyage : les automobiles,
partant de Paris le 15 février,
traverseraient la France jusqu'à
Boulogne et l'Angleterre jusqu'à
Liverpool, d'où un paquebot les
conduirait à New-York. Là commencerait
réellement l'entreprise. Aussi bien, ne
convient-il de faire ce petit détour
européen que pour ajouter quelques
kilomètres à la route et boucler,
accessoirement, le tour du monde. Nous
voici donc au départ : De New-York à
Chicago, la route est plutôt male
frayée, mais il existe une route. Il se
rencontre de plus terribles obstacles à
franchir en allant de Chicago au Klondyke
par les bords du Missouri ; puis ce
seront les passages de l'Alaska, sur des
fleuves gelés enfin, le détroit de
Behring et l'Océan. L'Océan qu'il
faudra vaincre sur la glace, en plein
hiver polaire. La mer est gelée, et il
faut passer. Enfin, ce sera la traversée
la plus audacieuse qui puisse être faite
en Sibérie, sur les neiges glacées. Il
y a là une distance de 900 kilomètres
sans nul poste de ravitaillement
d'essence mais les automobiles peuvent
rouler sur la glace unie. Après avoir
salué, au départ, l'enthousiaste foule
de France, les téméraires voyageurs
auront visité l'Angleterre, les
Etats-Unis. Ils connaîtront les
populations de la Pennsylvanie, et
jusqu'aux Indiens des Réserves, les
Canadiens trappeurs, les chercheurs d'or
du Klondyke, les pêcheurs de phoques de
la mer de Behring, les peuplades sauvages
du nord de la Sibérie, dont
l'ingénuité farouche, est avide de
verroteries, de coraux, de bibelots
scintillants. Pour trouver la
subsistance, il faudra parfois affronter
l'ours, découvrir le fauve enfoui parmi
les neiges, qui se laisse deviner
seulement par la buée montant de ses
narines, jusqu'à ce que, à l'approche
du bruit, la bête formidable se
révèle, menaçante. Dans la plus grande
partie de la traversée sibérienne,
c'est la glace, la glace à perte de vue,
le désert glacé où les automobiles
rouleront à toute allure. Qu'ils soient
cinq, ou un seul à partir, peu importe.
Le monde connaîtra par le télégraphe,
au jour le jour ou presque, le
fantastique récit de la plus grande
visite qu'un homme puisse faire au monde.
Le « Matin »
veut-il prendre cette nouvelle et
grandiose initiative, et créer des
héros ?
QUELS SONT CEUX
QUI OSERONT PARTIR ? Veuillez agréer,
monsieur le président, l'expression de
mes sentiments de haute considération.
G. BOURCIER
SAINT-CHAFFRAY
Commissaire
général de Pékin-Paris"
Le lendemain, à la
une du journal figure la lettre de
Bourcier Saint-Chaffray recopiée en
intégralité. Le Matin accepte, non sans
fierté, de relever le défi en
organisant ce tour du monde automobile.
La nouvelle est accueillie avec beaucoup
d'enthousiasme de chaque côté de
l'Atlantique. Le New-York Times offre son
aide au journal français. Le magazine
Motor Age de Chicago s'associe également
aux deux quotidiens. La Standard Oil
Campagny propose de fournir l'essence
nécessaire tout au long du parcours de
cette fabuleuse aventure.
- Le jour même de la
publication, arrive au siège du
journal un télégramme d'Eugène
Lelouvier. L'aventurier
français, initiateur du projet,
est le premier à annoncer sa
participation. S'ensuit la visite
d'Auguste Pons, concurrent
vaillant et malheureux de la
course Pékin Paris. Ce héros,
enragé, a une revanche à
prendre et cette course lui en
offre l'opportunité. Le Marquis
De Dion adresse un courrier au
nom de sa société : "Je ne
veux pas que l'on parte sans
moi". Les jours suivant les
inscriptions affluent au journal.
L'aventure est d'autant plus
osée qu'à cette époque les
voitures sont très fragiles et
extrêmement capricieuses. Les
pneumatiques ne sont pas plus
fiables que les automobiles sur
lesquelles ils sont montés. Les
routes sont rudimentaires,
rarement pavées et même
inexistantes par endroits. Il n'y
a pas de carte routière pour se
repérer et pour couronner le
tout, une grande partie de la
course se déroulera durant
l'hiver.
-
- Ce n'est pas la
première fois qu'une telle
aventure est tentée. Edward
Ernest Lehwess, docteur en droit
d'origine Allemande et
naturalisé Anglais entreprend en
1901 de réaliser un tour du
monde sur une Panhard &
Levassor de 24 chevaux baptisée
: la Passe-Partout. Il s'associe
à Morgan-Browne ainsi qu'à Max
Cludell un industriel
d'Aix-la-Chapelle qui produit des
moteurs et des tricycles à
moteur sous licence De
Dion-Bouton.
- L'itinéraire
prévoit de partir de Londres et
de rallier Le Havre, puis de
parcourir l'Europe et l'Asie en
passant par Paris, Bruxelles,
Berlin, Saint-Pétersbourg,
Moscou, Pékin, et Vladivostok.
Laissant derrière eux le
continent asiatique, Le Docteur
Lehwess et ses compagnons
franchiront en bateau la mer
Jaune pour rejoindre et traverser
le Japon. Un autre navire les
mènera alors sur l'océan
Pacifique vers les Etats-Unis
avec sur leur route une escale
sur l'île d'Hawaï. Ils
accosteront à San-Francisco et
partiront vers la
Nouvelle-Orléans, Saint-Louis,
Chicago et finiront leur périple
à New-York.
L'expédition s'élance de Hyde
Park le 29 avril 1902. La
progression est lente à travers
l'Europe. La Panhard &
Levassor tombe en panne à
Saint-Pétersbourg, ses cylindres
étant fissurés. Après
réparation, le périple peut
reprendre et en février 1903, la
voiture sombre dans une congère
près de Nijni (Russie). Les
trois hommes renoncent à
l'aventure, abandonnent la
voiture sur place et rentrent en
Angleterre.
-
- Le 16 décembre
1907, Bourcier Saint-Chaffray,
que le journal a désigné pour
être le commissaire général de
l'épreuve, organise une campagne
d'expérimentation dans les Alpes
sur le mont Genèvre où les
températures approchent les
-20°c. La caravane est composée
d'une De Dion-Bouton, celle-là
même qui participa à la Coupe
de la Presse sur le circuit de
Lisieux le 6 août 1907, une 4
cylindres Werner conduite par
Monsieur Sarda, copropriétaire
de la marque désireux d'examiner
les possibilités de réussite,
et une Benz prêtée par Monsieur
Hutin, directeur de la succursale
parisienne de la société
allemande. Le but de ces travaux
est d'étudier le comportement
des moteurs, des carburateurs et
de la circulation des fluides
dans un environnement de basses
températures
Le circuit retenu
pour ce tour du monde prévoit de
traverser les Etats-Unis d' Est en Ouest.
Quittant New-York, les participants
s'élanceront vers Buffalo, puis Chicago,
Omaha, Cheyenne, Reno, traverseront le
désert de Mojave et rejoindront Santa
Barbara, San José et finalement
San-Francisco. De là, ils rallieront par
voie maritime Valdez en Alaska. Leur
chemin les mènera ensuite à Fairbanks,
d'où il suivront la rivière Yukon
jusquà Kaltag et Nome. Les
concurrents traverseront ensuite en
voiture le détroit de Behring pris par
les glaces pour rejoindre East Cape en
Sibérie. De là ils sélanceront
vers Paris en passant par Tomsk, Moscou,
Saint Pétersbourg et Berlin. Les
organisateurs estiment que l'aventure
durera six mois et se courra sur plus de
30.000 Km.
Eugène Lelouvier estime que
l'organisation et le parcours ne se font
pas selon les conditions qu'il a
prévues. S'élevant en outre contre la
possibilité d'utiliser le steamer ou les
chemins de fer sur certains points du
parcours, il retire son adhésion. Mais
ce Normand de Domfort, entêté et
toujours aussi désireux de
"boucler" son tour du monde ne
se décourage pas. Il persuade
l'explorateur alaskain Maurice Drieghe de
l'accompagner dans cette aventure. Il
retourne, obstiné, faire le siège de la
rédaction du quotidien "Le
Journal" et emporte cette fois
l'assentiment de ses dirigeants. Le
Journal organisera donc, comme le Matin,
son tour du monde automobile et pour sa
part selon les volontés dictées par
Lelouvier.
Les voitures sont
profondément remaniées afin d'affronter
la dure épreuve. Dans une interview
donnée au journal l'Auto le 26 janvier
1908, Monsieur Sapène, administrateur de
la Société des Automobiles Motobloc
décrit dans le détail les
améliorations apportées à leur voiture
:
"Les
longerons du châssis de la 24 ch.
Motobloc New-York-Paris ont été
renforcés avec du bois d'Hickory. Le
graissage a été modifié en ce sens que
le réservoir d'huile a été placé dans
un endroit où il peut être facilement
réchauffé pour éviter la congélation
de l'huile. Le carburateur peut être
également réchauffé à l'aide d'un
chalumeau fonctionnant à volonté. Le
ventilateur peut être actionné ou non,
selon les circonstances. Le moteur est
protégé contre les froids par une
installation spéciale. De grands
marchepieds armés, très robustes et
très larges, ont été installés de
chaque côté du châssis, et le blindage
a été établi spécialement pour
pouvoir former traîneau sur la neige à
demi dure. Il supporte ainsi la voiture,
si la neige vient à céder sous le
poids. Les roues sont munies de bandages
automatiques Ducasble.
Elle comporte
des réserves d'huile et d'essence
permettant de parcourir à petite allure
mille à douze cents kilomètres sans
ravitaillement ; elle est soignée dans
ses moindres détails. Une capote en cuir
doublé très chaude couvre entièrement
les passagers. A l'arrière est
aménagée une armoire aux provisions,
contenant le matériel de cuisine
nécessaire, avec fourneau à pétrole,
et une pharmacie de route très
complète. A bord de la voiture est
installée une tente couvrant en entier
la voiture et permettant à quatre
personnes de camper à l'abri des
intempéries. Dans diverses soutes se
trouvent les armes, les cartouches, les
outils, parmi lesquels des pioches, des
pelles, des palans, etc., et enfin un
attelage d'artillerie, timon articulé
pour le remorquage possible d'un
traîneau dans les steppes désertes de
l'Alaska et de la Sibérie. Le tout pèse
2.500 kilos."
La De Dion n'est
pas en reste avec un moteur 4 cylindres
110/130 de 30 chevaux, un carburateur
automatique, des réservoirs de 700
litres d'essence permettant de parcourir
3.500 kilomètres. L'aménagement
comporte de nombreuses armoires et une
tente qui peut se transformer en voile.
La voiture emporte des roues à hérisson
pour la neige et des roues de wagon afin
d'utiliser en Amérique les voies
ferrées. En ordre de marche, la De Dion
pèse 3.200 kilos.
Nous sommes
maintenant le 28 janvier 1908 à Paris,
boulevard Poissonnière sous une pluie
fine qui arrose la capitale française.
Devant l'immeuble du Matin, trois
voitures pavoisées et peintes aux
couleurs nationales patientent. Il y a
là, Charles Godard le héros du Gobi,
Auguste Pons et Georges Bourcier
Saint-Chaffray . A midi pile, les
véhicules s'ébrouent, se frayent
difficilement un chemin au milieu d'une
foule dense, s'engagent sur la rue
Royale, puis passent le faubourg
Saint-Honoré, l'avenue des Ternes, le
boulevard Gouvion-Saint-Cyr, les Acacias
et quittent la ville lumière par la
porte de Suresnes. Longeant Mantes et
Elbeuf, les trois automobiles gagnent
Rouen et arrivent au Havre vers cinq
heures du soir. Ils sont rejoints dans la
nuit par Antonio Scarfoglio qui conduit
une Züst fabriquée en Italie. Le
lendemain se présente une automobile
Werner de couleur grise que Messieurs
Gallien et Sarda, les deux dirigeants de
la marque, ont mis à la disposition de
Maurice Drieghe et d'Eugène Lelouvier.
Parti la veille de la place de la
Concorde, elle arbore à ses angles des
drapeaux aux couleurs de la France, de la
Russie, du Canada et des Etats-Unis, les
quatre grands pays traversés par le
raid. Une motocyclette Werner devant
servir en cas de secours a trouvé place
à bord de la voiture. Le 1er février,
le transatlantique La Lorraine,
cheminées fumantes s'apprête à
appareiller pour le Nouveau Monde.
Eugène Lelouvier est encore sur le quai
à signer des cartes postales à ses
admirateurs que retentissent les sirènes
du bateau, signe de départ. Il n'a que
le temps de sauter sur la passerelle que
les hommes d'équipage commencent déjà
à enlever.
Le journaliste
Georges Dupuy dans l'édition du 1er
février 1908 de la Vie au Grand Air est
très pessimiste, même s'il s'en
défend, sur la réussite de l'aventure.
Il décrit une course trop hâtivement
conçue et débutante trop tardivement
dans un hiver déjà bien avancé. Pour
cet homme qui a parcouru en voiture
l'Alaska, la vallée du Grand Yukon et le
Canada, il aurait été préférable que
les concurrents quittent la France en
novembre.
Après une
traversée sans histoire, nos aventuriers
accostent dans le port de New-York le 9
février où ils sont accueillis par les
colonies Françaises et Italiennes de la
ville. Cette foule joyeuse, accompagnée
d'une multitude de drapeaux colorés, les
salue à grand renfort de cris,
d'applaudissements, de gestes et de
chapeaux jetés en l'air. Montague
Roberts, le conducteur de la voiture
engagée pour les Etats-Unis et
l'équipage de la voiture allemande
arrivé la veille d'Hambourg sont
également présents pour les recevoir.
Les pieds à peine posés sur la terre
ferme, Eugène Lelouvier se précipite
faire le tour des salles de rédaction
des différents journaux pour y porter sa
photo ... A l'hôtel Knickerbocker, où
logent les participants, en présence de
Mr Lauzanne rédacteur du journal Le
Matin, une dernière réunion est
organisée afin de s'accorder sur les
différents points de règlement à
respecter. Il est entre autres décidé
que le trajet Ogden - San-Francisco
serait neutralisé et que les concurrents
pourraient utiliser le moyen de transport
qui leur conviendrait le mieux pour
rejoindre la côte Pacifique. Cette
partie de la course ne représente pas
d'intérêt sportif majeur ayant déjà
été parcouru à moult reprises par des
automobiles. Cette décision soulève
dans un premier temps quelques critiques,
mais la saison est déjà bien avancée
et le point culminant de la course étant
la traversée de l'Alaska, ainsi que le
passage du détroit de Behring, chose
qu'aucune voiture n'a jamais tentés, il
est impératif que les voitures y
parviennent avant la fonte des glaces.
Cet argument finit par emporter
l'adhésion générale. A l'issue de la
réunion, l'Automobile Club convie les
courageux voyageurs à un grand banquet
au cours duquel le colonel Jefferson de
Mont Thompson annonce qu'il offrira 1.000
dollars en espèces (25.000 dollars
actuels) au conducteur qui sera le
premier à remettre à Paris au baron
Etienne de Zuylen de l'Automobile Club de
France le drapeau du club automobile
américain. Bourcier Saint-Chaffray se
lève promptement et au comble de
l'enthousiasme déclare qu'il gagnera ce
prix.
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Züst
(Italie)
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Sizaire-Naudin
(France)
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Protos
(Allemagne)
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Thomas
Flyer
(Etats-Unis)
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Le 11
février quittant l'hôtel Brevoort, où ils sont
descendus, Maurice Drieghe, chef de
l'expédition, Eugène Lelouvier et Max Hohmann,
dirigent leur voiture Werner vers le siège du
journal new-yorkais "The World". Après
une brève cérémonie sous les fenêtres du
quotidien, Mr Mac Gowan, président du conseil
municipal signe le livre de route certifiant
l'heure et les circonstances du départ. Les
trois hommes s'élancent à 13h30 acclamés et
suivis par une foule de vingt-mille curieux dont
certains n'ont pas hésité à escalader
l'armature métallique du pont de Brooklyn pour
apercevoir la voiture escortée par la police
montée New-yorkaise. Dans la Werner se trouve le
reporter du World, James Robbins, qui les
accompagne jusqu'à Philadelphie. Soutenue par le
quotidien Le Journal et un comité d'initiative
composé de Mlle de Gauban du Mont, le comte de
Contades, Mr de la Tour et MM. Gallien et Sarda
de la maison Werner, cette aventure prend le nom
d'expédition Gauban du Mont-Werner. Ne suivant
pas le parcours officiel, jugé impossible par
Lelouvier et anticipant les difficultés que
rencontreront les autres automobiles dans la
neige, Maurice Drieghe préfère prendre une
route plus au sud par Philadelphie, Gettysburg,
Cincinnati et Saint-Louis, avant d'obliquer au
nord vers Seattle. De là l'équipage prendra le
steamer et rejoindra l'Alaska à Skagway. En
outre, La femme de Lelouvier est envoyée en
Sibérie pour préparer le ravitaillement en
essence dans ces contrées.
Le lendemain, le 12 février 1908
devant le Times Building dans Broadway, ce sont
finalement six voitures sur les treize inscrites
et représentant quatre nationalités qui se
présentent sur la ligne de départ officielle.
Il y a pour l'Allemagne la Protos, du lieutenant
Hans Koeppen construite spécialement pour la
course en seulement 16 jours par la Motorenfabrik
Protos, usine créée en 1898 par la Docteur
Alfred Sternberg. L'Italie est représentée par
une Züst conduite par Giulion Sirtori et Antonio
Scarfoglio, surnommé Toto. Cette voiture 4
cylindres de 24 chevaux provient des ateliers de
Roberto Züst, un technicien Suisse qui fabrique
en Italie depuis 1903 des machines outils à
Milan et Brescia, et qui s'est lancé en 1906
dans la construction automobile sous l'appelation
Brixia-Züst. Georges Schuster pilote la Thomas
Flyer pour les Etats-Unis. La France aligne 3
voitures avec la Motobloc de Charles Godard, la
De Dion de Monsieur Bourcier Saint-Chaffray, qui
est également le commissaire général de la
course, et la Sizaire-Naudin d'Auguste Pons. La
légende veut que la voiture américaine fût
engagée sur l'insistance de Théodore Roosevelt,
président des Etats-Unis.
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Constructeur
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Nationalité
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Equipage au départ de New-York
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Züst
4 cylindres 120/130 - 24 chevaux
Pneumatiques Pirelli
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Italie
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Giulion Sirtori (conducteur)
Henry Haaga (mécanicien)
Antonio Scarfoglio (correspondant des journaux
Mattino, Stampa, Daily Mail et Pearsons Magazine)
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Sizaire-Naudin
1 cylindre 120/130 - 18 chevaux
Pneumatiques Michelin
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France
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Auguste Pons (conducteur)
Maurice Berthe (mécanicien)
Lucien Deschamps (mécanicien et
cinématographiste Pathé)
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Protos
4 cylindres - 35/40 chevaux
Pneumatiques Dunlop
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Allemagne
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Lt. Hans Koeppen (conducteur et
correspond du Berliner Zeitung am Mittag)
Hans Knape (conducteur)
Ernest Mass (mécanicien)
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Thomas Flyer
4 cylindres - 60 chevaux
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Etats-Unis
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Montague Roberts (conducteur)
George Schuster (conducteur et mécanicien)
Walter Williams (mécanicien et correspondant du
New-York Times et du Matin)
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De Dion-Bouton
4 cylindres 110/130 - 30 chevaux
Pneumatiques Michelin
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France
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Georges Bourcier Saint-Chaffray
(conducteur de la voiture officielle du Matin)
Alphonse Autran (mécanicien)
Cpt. Hans Hendrick Hansen (mécanicien)
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Motobloc
4 cylindres 120 - 24/30 chevaux
Automatiques Ducasble
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France
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Charles Goddard (conducteur et
correspondant du journal l'Auto)
Arthur Hue (mécanicien)
Maurice Livier (mécanicien et cinématographiste
Raleigh et Robert)
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Werner (moteur De Dion)
4 cylindres 90/100 - 15 chevaux
Pneumatiques Michelin
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France
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Maurice Drieghe (conducteur et
correspondant de la Vie au Grand Air et du
Journal)
Eugène Lelouvier (conducteur)
Max Hohmann (mécanicien)
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Le départ
de la course officielle était initialement
prévu le samedi 15 février 1908, mais les
organisateurs ont pris la décision de la faire
partir ce mercredi 12 février en raison du
départ de la Werner un jour plus tôt. Ceux-ci
craignent que Lelouvier et ses compagnons ne
prennent trop d'avance et ne puissent être
rattrapés. Et c'est pourquoi que devant près de
250.000 personnes, à 10h00 par ce mercredi
glacial, Colgate Hoyt, président de l'Automobile
Club d'Amérique, s'approche des six concurrents
que le journal l'Auto surnomme "Les New-York
Paris". Notre homme leur demande simplement
"Etes-vous prêts ?". "All
Rights" répond Montague Roberts en
agrippant son volant. Le lieutenant Koeppen, à
qui le Kaiser Guillaume II a adressé en personne
un télégramme de soutien et d'encouragement,
porte d'un geste sec la main à sa casquette
tandis qu'Antonio Scarfoglio envoie un baiser à
la foule. Auguste Pons, qui a reçu le sobriquet
de "The Thin Man" (l'homme maigre)
secoue ses épaules alors que Bourcier
Saint-Chaffray reste de marbre, seul son visage
plus pâle qu'à l'accoutumée trahit son
émotion. Le jovial Charles Godard, que la presse
new-yorkaise s'amuse à surnommer "The
yellow big man" (le gros homme jaune)
affiche un large sourire. Colgate Hoyt lève un
pistolet plaqué or et donne le coup d'envoi de
cette audacieuse course. La détonation est
noyée par les cris de la foule et la fanfare qui
entame "My Country, Tis of Thee" :
My country, 'tis of thee, Sweet land of liberty,
Of thee I sing ; Land where my fathers died, Land
of the pilgrims' pride, From ev'ry mountainside
Let freedom ring ! ...
Au même instant George Brinton Mc
Clellan Jr, maire de New-York, se meut avec
difficulté dans la masse d'une foule d'autant
plus compacte, que ce mercredi 12 février, date
anniversaire de la naissance d'Abraham Lincoln,
est un jour férié à New-York. Poussant ses
concitoyens des deux mains pour ne gagner que
quelques pas, le premier magistrat de la ville
doit redoubler d'effort pour s'extraire de cette
multitude d'hommes, de femmes et d'enfants. Quand
enfin, il parvient à s'en extirper, retarder par
ce combat, il n'a que le temps d'apercevoir les
six véhicules qui s'éloignent déjà. Nos
aventuriers sont accompagnés durant les
quarante-cinq premiers kilomètres jusqu'à
Tarrytown par deux cents voitures du New-York
Automobiles Club. La voiture américaine
profitant d'être sur le territoire des
Etats-Unis, et bénéficiant de ce fait de toute
l'aide que la firme Thomas déploie à travers le
pays, roule pratiquement à vide. Quant aux
autres voitures, elles sont lourdement chargées
de leur équipage de trois personnes, de pelles,
de fusils, de cordes, de chaînes, d'outils, de
pièces de rechanges et de bidons d'essence
supplémentaires.
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De
Dion-Bouton
(France)
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Motobloc
(France)
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Werner
(France)
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Dès les
premiers kilomètres les concurrents sont
confrontés aux premièrs obstacles, se frayant
difficilement un passage sur les routes
enneigées de l'hiver américain. Les conditions
sont tellement épouvantables que les concurrents
roulent en convoi et utilisent les services de
voitures "pilotes" pour leur ouvrir la
voie. Mais rapidement les participants se
convainquent que chaque heure de course est
cruciale et craignent que leurs adversaires ne se
faufilent à la faveur de la nuit. Des tensions
apparaissent rapidement et Geoges Bourcier
Saint-Chaffray, sous son autorité de commissaire
général de la course interdit aux autres
conducteurs de partir en avance sans lui en avoir
au préalable demandé l'autorisation. A cela
Montague Roberts lui rétorque : "A partir
de maintenant vous saurez ce qu'est une
course". L'entente apparente des premiers
jours vole en éclats et chacun roulera
désormais à son rythme. Le premier incident
survient deux jours après le départ. Arthur Hue
le mécanicien de la Motobloc, certainement
engourdi par le froid, est victime d'un retour de
manivelle lorsqu'il remet le moteur en marche
après la pause-déjeuner à Hudson. L'équipage
se voit contraint de passer le reste de la
journée dans la ville afin de soigner le poignet
blessé. Le 20 février à Erié (Pennsylvanie),
Godard, que les américians surnomment maintenant
le Baron, doit demander l'aide de la garnison de
cavalerie pour délivrer sa voiture ensevelie
sous la neige tombée durant la nuit. La
Sizaire-Naudin d'Auguste Pons est la première à
abandonner après quelques tours de roues à
Pougkkeepsie et sans avoir pu quitter l'état de
New-York. Lessieu arrière de la voiture
sest effondré sous son poids et les
tentatives de réparation sont malheureusement
restées vaines. La Sizaire-Naudin n'aura
parcouru que 130 Km. Auguste Pons est une fois de
plus trahi par son amour pour le léger (il
se lança dans la course Pékin-Paris sur un
cycle-car Contal à trois roues, où il faillit
laisser la vie dans le désert du Gobi, ne devant
son salut qu'à une troupe de nomades).
L'équipage de la Werner est, lui, victime
d'accidents fréquents et subit de nombreux
problèmes techniques dus à la conduite de
Lelouvier. Perdant tout sens du réel à la
sortie de la ville de New-York en arrivant à un
passage à niveau, celui-ci au lieu de
s'arrêter, corne avec obstination pour faire
stopper la locomotive ! Maurice Drieghe, pourtant
d'un naturel complaisant, et Max Hohmann lui
demandent de ne plus toucher au volant. Piqué au
vif et ne pouvant s'accommoder d'un rôle
secondaire, Eugène Lelouvier quitte l'aventure
à Norristown. Ses compagnons repartent sans lui
et arrivent à Philadelphie (Pennsylvannie) le 15
février. La De Dion n'a pas non plus été
épargnée puisque le 22 février à Kendallville
(Indiana) après 1060 Km de course l'arbre de
pignon d'angle se brise. La panne est importante
et Alphonse Autran, le mécanicien doit prendre
le train jusqu'à Chicago pour y trouver une
pièce de rechange et en revenir le plus
rapidement possible. En moins de vingt-quatre
heures, la voiture réparée, peut reprendre la
route.
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Les
six voitures au départ
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La
course s'élance
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L'engouement
de la foule
est immense
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Les
voitures du N-Y.A.C
avec la Protos
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Les
températures descendent jusqu'à moins 26°C.
L'antigel n'existant pas, les mécaniciens
doivent purger les moteurs chaque nuit. Les
congères atteignent par endroit quatre à cinq
mètres de haut. Les voitures sont
régulièrement extirpées des pièges que
recellent les routes enneigées par des chevaux
et tractées sur plusieurs miles. Les fermiers
américains font payer le prix fort ces services
aux participants étrangers. Un homme armé d'une
pelle demande 5 dollars (100 dollars actuels)
pour quelques bordées de neige. Georges
Schuster, qui bénéficie de toute l'aide
gracieuse de ses compatriotes n'a pas à délier
sa bourse. Il en profite et fait tirer sa voiture
par douze chevaux entre South Bend et Hobart,
distant de 104 Km, économisant grandement son
moteur. Il n'est pas rare que les habitants des
régions traversées dégagent hardiment la neige
présente sur la route pour faciliter le
cheminement de la Thomas et la remette en place
pour ralentir sournoisement le passage des autres
concurrents. A Wawaka (indiana), alors que
l'équipage de la Motobloc se repose, la voiture
enfermée dans une grange est entièrement
dépouillée durant la nuit. Les voleurs
dérobent les armes, les munitions, les films et
les caméras, les outils, le matériel de
rechange, les vêtements des concurrents et même
une caisse de champagne. De plus, les autorités
refusent d'aider les hommes de la Motobloc.
L'accent de Charles Godard et ses difficultés à
parler l'anglais, éveillant chez eux plus de
suspicion que de compassion. Apprenant la
nouvelle, le colonel Jefferson de Mont Thompson
annonce dans les journaux qu'il offrira une
réconpense de 250 dollars (5.000 dollars
actuels) à celui qui découvrira les
personnes qui ont dévalisé la Motobloc de
Gordard.
Le 27 février, au milieu d'une
terrible tempête de neige la Thomas Flyer
parvient à Chicago. La Werner arrive le même
jour à Cleveland où une réparation importante
va l'immobiliser six jours dans la ville. La
Motobloc et la Protos affrontent un terrible
orage alors qu'ils approchent de Chicago. L'orage
est tel que les hommes doivent abandonner leurs
voitures pour se réfugier dans une grange et y
passent la nuit. Le lendemain matin, il faut plus
de trois heures pour remettre les voitures en
état de marche et reprendre la route. Charles
Godard atteint enfin la ville le 4 mars. Emilio
Sirtori de l'équipage italien exprime les
conditions de ces deux premières semaines de
course dans une interview donnée à un
journaliste du New-York Times : "Je n'ai
jamais su qu'il y avait autant de neige dans le
monde et que tout était stocké dans l'Indiana".
Le Capitaine Hansen, qui avait participé aux
recherches en 1898 et 1899 de l'aérostier
suédois Salomon August Andrée et de ses deux
compagnons, dans leur tentative malheureuse
d'atteindre le pôle Nord en ballon, quitte
l'équipage conduit par Georges Bourcier
Saint-Chaffray qui reste très énigmatique
concernant les raisons de cette séparation.
(note de l'auteur : Les corps des aérostiers et
les restes de l'expédition d'Andrée ne seront
découvert qu'en 1930 par un navire de pêche
norvégien : le Bratvaag.) A Paris, dans la
capitale française, le bruit d'une violente
dispute entre les deux hommes s'étant terminée
par une provocation en duel circule. Partant de
Windy City, surnom donné à la ville de Chicago
pour Clinton (Illinois) plus au sud, les
participants de cette épopée, rencontrent des
températures plus clémentes et sont confrontés
aux premiers dégels qui transforment les routes
de terre en autant de pièges boueux dans
lesquels s'enfoncent les voitures. Les radiateurs
des véhicules sont rapidement bouchés par la
boue qu'ils poussent devant eux, obligeant les
mécaniciens à les démonter pour les nettoyer.
Plus au sud, proche de la ville de Colombus
(Ohio), la Werner subit le même déplorable
parcours couvert de boue qui pénètre partout,
jusque dans le carburateur et les cylindres.
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La
Protos et la Thomas Flyer
à Utica
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La
De Dion à Utica
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La
Thomas Flyer à Buffalo
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Les
voitures avancent
en convoi
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En
pénétrant dans l'Iowa, les participants
découvrent que cet état n'a pas de routes. Il
n'y a que d'étroits chemins de terre serpentant
à travers les champs et les prairies. Pour
trouver leur chemin, les conducteurs n'ont comme
repères à travers la campagne que les poteaux
réclames que les industriels avides de
publicité ont plantés le long des sentiers. Le
2 mars, la Thomas Flyer est la première à
arriver à Ames (Iowa). Il faut dire que les
membres des Automobiles Club des régions
traversées reconnaissent les sentiers afin
d'indiquer aux coureurs américains, le plus
court et le meilleur chemin à suivre. Ils
n'hésitent pas à couper les fils de fer servant
de clôture pour que la Thomas file à travers
champs et gagne un temps précieux. Ne
bénéficiant pas de cette aide précieuse,
Antonio Scarfoglio sur Züst réalise l'exploit
de parvenir dans la bourgade avec seulement un
jour de retard sur la Thomas. Bourcier
Saint-Chaffray n'y arrive que le 7 mars, après
avoir dû affronter de nombreuses pannes, s'être
fait attaquer et voler tout son argent.
Traversant les plaines interminables du Nebraska,
l'équipage de la Thomas Flyer voit venir vers
eux une troupe de cavaliers. A leur tête, Miss
Daisy, la fille du colonel Cody, le célèbre
Buffalo-Bill qui averti de leur passage les
invite à un déjeuner dans le cottage où il
s'est retiré près de North Platte. Le 9 mars à
Cheyenne (Nebraska), Montague Roberts retenu par
des obligations antérieures repart pour New-York
et cède sa place à E.Linn Mathewson. Ce dernier
passera à son tour le volant de la Thomas à
Harold Brinker le 18 mars à Cobre (Nevada). La
Protos parvient à Ames le 13 mars accueilli par
une foule nombreuse. A son bord Hans Koeppen est
seul. Hans Knape et Ernest Mass ayant décidé de
quitter la compétition. La seconde voiture
française, la Motobloc de Charles Godard est la
dernière à s'y présenter le 16 mars. Il faut
dire que notre homme prend son temps et ne refuse
jamais une occasion de banqueter, c'est à n'en
pas douter le meilleur ventre de la course. Le
même jour, la Werner est à Indianapolis
(Indiana). La voiture de Maurice Drieghe casse
son axe de direction à Greenville (Illinois).
Les deux hommes démontent la pièce et prennent
le train jusqu'à Saint-Louis pour la faire
réparer. Dans la nuit du 18 au 19 mars à Omaha
(Nebraska), du sable est mis dans le moteur de la
Motobloc. Déjà las de devoir débourser de
fortes sommes pour obtenir l'aide des habitants,
cette mésaventure finit de décourager Charles
Godard qui décide de mettre sa voiture sur un
train pour San-Francisco. L'information parvient
au journal "Le Matin" qui s'empresse de
désavouer publiquement le français. "Godard
est mort pour la Coupe New-York Paris ! Godard
est fini pour nous ! Adieu Godard !"
s'écrie René Bures dans l'édition du 20 mars
1908 du quotidien. Godard n'est pas le seul à se
voir retarder dans son avancée par des actions
retorses que les Yankees n'hésitent pas à
commettre afin de les retarder et favoriser la
Thomas. Ainsi Bourcier Saint-Chaffray retrouve un
matin son levier de changement de vitesses
bloqué par un burin et des écrous.
Les routes entre Kansas City et
Topeka sont tellement défoncées et
impraticables, que le duo Drieghe-Hohmann est
contraint de démonter une partie de la
carrosserie de la Werner afin de l'alléger pour
permettre un travail moins pénible du moteur.
Ils atteignent Topeka, la capitale du Kansas, où
ils ne prennent qu'un rapide repas avant de
s'élancer vers la ville de Belleville dans
laquelle ils pénètrent le 23 mars.
Dans les villes traversées par les
voitures de la course New-York Paris, partout
c'est la même frénésie, les cloches des
églises sonnent, les sirènes rugissent et les
locomotives sifflent. La population descend dans
la rue, les jeunes filles demandent un souvenir
aux voyageurs, une carte, un ruban, n'importe
quoi. Certains, plus audacieux, déchirent un
bout de toile de la capote des véhicules en
guise de souvenirs. La De Dion-Bouton se voit
arracher la marque de fabrique fixée sur son
radiateur créant ainsi une fuite d'eau. Le 25
mars, la voiturette Werner de Maurice Drieghe et
Max Hohmann qui emprunte toujours une route plus
au sud est à Denver (Colorado) où ils se font
assaillir à leur arrivée par une horde de
reporters et de photographes. En même temps
Charles Godard parvient en train à San-Francisco
où il y reste plusieurs jours afin de démonter
entièrement le moteur de sa Motobloc pour y
enlever le sable que des mains criminelles ont
mis dedans. La société bordelaise Motobloc
décide de ne pas poursuivre plus loin la
fantastique randonnée et de s'arrêter dans
cette ville californienne fondée par les
Espagnols en 1776.
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La
Thomas Flyer à
Ames (Iowa)
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La
Motobloc en route
vers Boone (Iowa)
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La
Motobloc à Boone (Iowa)
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La
traversée vers San-Francisco sur la côte Ouest
est dantesque. Les concurrents doivent affronter
des conditions toujours aussi difficiles et
l'absence de routes oblige les voitures à rouler
à intervalles réguliers sur les voies de chemin
de fer. Après la neige et la boue, les
participants bravent maintenant les routes
pierreuses et sablonneuses des Montagnes
Rocheuses. La fournaise qui y règne rend tout
effort prolongé épuisant. Les hommes doivent
attendre la nuit afin de pouvoir sortir les
véhicules du sable fin dans lequel elles
s'enfoncent. La Werner verse dans un ravin. Si
les deux conducteurs ont peu de mal, la voiture
est assez endommagée, mais Maurice Drieghe et
son compagnon parviennent à la réparer et à
reprendre leur route. La Züst ségare et ère
pendant deux jours dans le désert de Death
Valley, où elle affronte des meutes de loups
affamés, avant de pouvoir rejoindre Daggettt
(Californie). Après être resté immobilisé
trois jours à Rock Springs (Wyoming) pour
réparer sa direction cassée et s'être débattu
dans les déserts du Wyoming, Hans Koeppen
parvient le 31 mars à Carter (Wyoming). Dans la
sinistre Vallée des Funérailles, la De Dion
s'enfonce profondément dans le sable et son
moteur étouffé rend l'ame. Saint-Chaffray et
ses compagnons sont immobilisés sous un terrible
soleil de plomb, ils ne peuvent travailler sur la
voiture qu'à la nuit tombée, passant le jour,
nus sous la voiture tentant d'échapper à la
touffeur ambiante. Pendant plusieurs nuits, tous
leurs efforts restent vains et ils ne doivent
leur salut qu'à une tempête de vent qui chasse
les dunes de sable accumulé devant leur voiture
laissant apparaitre des herbes rêches, dures et
à moitié grillées sur le sol. Le moteur remis
en marche, la De Dion peut enfin s'ébranler. La
Thomas Flyer est la première à arriver sur les
rives du Pacifique le 25 Mars. 41 jours 8 heures
et 15 minutes après avoir quitté New-York La
Thomas se gare devant le siège de l'Automobile
Club de San-Fransico. Les journaux
d'outre-Atlantique sont dithyrambiques et
nonobstant que la course se dispute sur 25.000
Km. et non sur 5.600, considère cette arrivée
comme un triomphe de l'industrie américaine. (note
de l'auteur : La première traversée Est-Ouest
des Etats-Unis en hiver fut réalisé par les
explorateurs Percy F. Megargel et David F.
Fassett sur une deux cylindres Reo durant l'hiver
1905-1906.)
Après quelques réparations,
l'équipage américain et le Capitaine Hansen qui
a trouvé refuge sur la Thomas Flyer, embarquent
le 27 mars sur un vapeur, le Santa Clara, à
destination de Valdez en Alaska. Le tracé
initial prévoyait que les équipages soient
débarqués à Seattle et empruntent une route
longue de 4.000 Km. pour rejoindre Valdez. Mais
le ministère des Travaux Publics Canadien
déconseilla très fortement le passage des
voitures à travers la Colombie-Britanique et le
Yukon, qui sont des contrées chaotiques,
couvertes de neige, de glaciers, de cataractes
gelées qui se transforment durant le court été
en régions marécageuses. Antonio Scarfoglio et
sa Züst arrivent le 2 avril à San-Francisco,
précédant de 8 jours la De Dion la dernière
voiture française encore en course. Une
réclamation parvient alors au comité de la
course signée par de nombreux participants dont
le texte constitue une accusation en règle
contre les agissements des concurrents
américains.
Nous, soussignés, concurrents
dans la course "New-York Paris",
protestons par la présente contre la manière
d'agir de la "Thomas" et établissons :
1. Que la voiture
"Thomas" a été transformée à son
arrivée à Buffalo, dans l'usine Thomas, de
telle sorte que, virtuellement, c'est une autre
voiture qui continue la course.
2. Que sur le parcours de
New-York à Chicago, la "Thomas" a
été fréquemment remorquée et que son moteur
n'a point fonctionné. De South Bend à Michigan
City, où des chevaux furent attelés à
l'automobile, le moteur fut arrêté et le
radiateur enlevé.
3. Qu'à travers une certaine
section d'Indiana la "Thomas" fut
remorquée par un wagon sur les rails d'une
compagnie de tramways interurbains.
4. Que la "Thomas" a
utilisé sur un certain parcours de Michigan City
à Chicago la voie du chemin de fer, tandis que
cette voie fut interdite aux autres concurrents.
5. Que, en certains points, la
"Thomas" fut hissée sur des
traîneaux.
En foi de quoi, nous protestons
contre les agissements de la voiture
"Thomas" et, tant à titre individuel
qu'à titre collectif, nous considérons la
"Thomas" comme disqualifiée et mise au
ban de la course New-York-Paris
Signé : R.W. WOOLMOLLER, A.
SCARFGOLIO, A. AUTRAN, Henri HAAC, Guillio
SARTORI. G. BOURCIER SAINT-CHAFFRAY, E. LESCARES.
Les journaux officiels de
l'épreuve, le New-York Times et le Motor Age de
San-Francisco reconnaissent malatroidement et du
bout de la plume l'exactitude des faits. Les
membres de la De Dion-Bouton, ainsi que les
Italiens de la Züst, examinent sérieusement la
question de savoir s'il ne conviendrait pas pour
eux de terminer à San-Francisco, une épreuve
aussi inégalement disputée. Le journal l'Auto
à contrario des journaux américains qui
considèrent que la Thomas a remporté une belle
victoire lors de cette traversée des Etats-Unis
écrit dans son édition du 12 avril 1908 : "La
De Dion-Bouton, digne continuatrice de ses
aînées, qui ont traversé le Vieux Continent, a
indiscutablement roulé par ses propres moyens à
travers tout le Nouveau Monde. Elle a bien,
par-ci, par-là, cassé quelques-uns de ses
ressorts, mais son moteur est resté intact et
toujours, elle a été remise sur roues, que ce
soit après l'enlisement qui l'attendait près de
Buffalo ou après la tempête de neige qui
menaçait de l'engloutir, elle et ses équipiers,
dans l'Indiana. C'est une preuve de plus que
l'automobile va, seule, partout, lorsqu'on ne lui
demande pas une vitesse démesurée. Il faut
qu'elle soit patiente, robuste et saine ; il faut
que l'homme qui la guide tempère l'emballement
de son moteur. L'alliance du chauffeur et de la
machine est plus étroite que jamais dans les
moments difficiles des grandes routes lointaines.
Le fait, par la De Dion-Bouton d'avoir soutenu
une lutte de tous les jours contre les éléments
déchaînés, contre les chemins, contre les
embûches, constitue une nouvelle victoire dont
la grande industrie française peut être fière.
Pour qu'une victoire existe, il faut, n'est-il
pas vrai, qu'elle soit indiscutable et
indiscutée, comme celle-ci."
Quant à la Protos, elle est
enlisée au propre comme au figuré dans l'état
du Wyoming. Le 9 Avril, elle est de nouveau en
panne à Kelton (Utah). Parvenant laborieusement
jusquà Ogden (Utah) le 16 avril, Hans
Koeppen, seul et exténué, prend alors la
décision de partir directement vers Seattle en
train, alors que le parcours officiel prévoit un
passage par la ville de San-Francisco.
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La
Thomas Flyer à Kearney
le 10 mars 1908 (Nebraska)
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La
Thomas Flyer sur la Medicine
Bow River gelée (Wyoming)
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La
De Dion près de Cheyenne
(Wyoming)
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La
Thomas Flyer dans l'Utah
(Western Pacific Railroad)
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Après
avoir affronté de nombreuses tempêtes et une
escale imprévue à Cordova (Alaska), le steamer
transportant la Thomas Flyer accoste à Valdez le
8 avril avec deux jours de retard sur la date
prévue. Les 787 habitants de la ville les
accueillent joyeusement au son de la fanfare
locale. Le lendemain, une reconnaissance de nuit
en traîneau jusqu'à Camport de la piste menant
à Thompson Pass, le premier relais postal après
Valdez conduit léquipage à la conclusion
que la circulation en Alaska est impossible pour
les participants. Le dégel prématuré ayant
ramolli la couche supérieure de neige. Il faut
faire demi-tour et retourner à San-Francisco.
Ignorant les conditions régnant en Alaska, les
équipages de la Züst et de la De Dion
embarquent le 11 avril sur le City of Pueblo en
direction de Valdez, avec une escale à Seattle.
Lors de leur escale le 14 avril, les hommes
apprennent que la route en Alaska est
impraticable. Bien décidés à faire le tour du
monde, ils s'embarquent dès le lendemain à bord
du Aku Maru à destination de Yokohama. Guilion
Sirtori décide d'arrêter là l'aventure.
Antonio Scarfoglio et Henry Haaga, qui fut le
mécanicien de Camille Jenatzy le premier homme a
dépasser les 100 km/h sur une voiture, la
"Jamais Contente", et que les Anglais
surnommèrent le "Diable Rouge" à
cause de sa chevelure rousse, quittent Seattle
sans lui. La nouvelle de l'abandon de la
traversée de l'Alaska, point d'orgue du raid,
est vite reprise par la presse anglaise qui par
l'intermédiaire du Evening Standard, profite,
non sans plaisir, de l'occasion qui leur est
offerte de railler l'initiative
franco-américaine et de rebaptiser l'épreuve :
"La farce de New-York Paris". Tandis
que les participants naviguent vers le Japon, les
réclamations déposées par Guilon Sitori,
Georges Bourcier Saint-Chaffray et Charles Godard
sont reconnues fondées. Le bruit court
rapidement à Paris que des disqualifications
pourraient être prononcées. Les équipages
italiens et français parviennent au Japon le 30
avril. Ils restent bloqués dans le port
jusquau 7 mai, parcourant les
administrations et les différents bureaux de la
ville, en quête dune permission Impériale
pour traverser le pays.
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La
Protos dans l'Idaho
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La
Thomas Flyer à Tonopah
(Nevada)
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La
Werner à Springfield
(Colorado)
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La Thomas
Flyer revient à Seattle le 17 avril. L'équipage
américain croise sur le port Guilion Sirtori qui
a reçu l'ordre de la compagnie Züst de
reprendre la course et de rejoindre la voiture à
Vladivostok. Le 20 avril, Maurice Drieghe et Max
Hohmann arrivent à Seattle et décident de
tenter la route de l'Alaska malgré les
difficultés connues. Leur projet est d'embarquer
pour Skagway, de rejoindre en train le Klondyke
en passant par la White Pass, puis de rejoindre
Dawson City où la voiture y sera remisée en vue
de tenter durant l'hiver 1908-1909 de descendre
le fleuve Yukon pris par les glaces jusqu'à son
embouchure dans la mer de Béring. (Note de
l'auteur : malgré de nombreuses recherches dans
les journaux de l'époque, aucun ne parle de la
réalisation de cette traversée durant l'hiver
1908-1909). George Schuter et ses compagnons
repartent du port de l'état de Washington à
bord du steamer Shawmut en direction du Japon le
21 avril.
Charles Godard est de retour à
Paris où il rend une visite au journal l'Auto le
5 mai, afin d'y conter ses aventures que le
journal recopie ainsi dans ses colonnes :
"Routes américaines ?... Néant.
Hospitalité américaine ?... Néant. Nourriture
?... Néant ! ! ! Neige, froid, vent, fondrières
?... Abondance. Et ce sont des histoires de tas
de neige épais de six mètres, de ravins où les
voitures s'enlisaient au point qu'il fallait, le
lendemain, pour retrouver leurs... tombes sonder
la neige avec de longs bâtons ! Je n'imaginais
point que de pareilles choses fussent possibles
et nul ne doit plus douter maintenant que
Pékin-Paris n'ait été qu'un jeu d'enfants à
côté du raid New-York-San-Francisco." Et
Godard de conclure : "les Américains
n'accordent leur estime qu'aux dollars".
Georges Schuster et ses compagnons
font escale à Yokohama avant de débarquer à
Kobé le 12 mai. De là ils sélancent dès
le lendemain en direction de Tsuruga. La
traversée du Japon est rendue ardue par les
routes pentues des montagnes guère plus larges
par endroits qu'un chemin pédestre. La
traversée de ponts en bambou qui tremblent
dangereusement au passage des voitures fait
craindre le pire à chaque instant. Les routes
japonaises ne sont clairement pas faîtes pour
les voitures, aussi beaucoup d'énergie est
dépensé pour les élargir afin de pouvoir
poursuivre le chemin. La faim tenaille les
participants. La seule nourriture qu'ils
parviennent à trouver est essentiellement
constituée de riz présenté sous forme de colle
brune non assaisonnée, accompagné de crevettes
séchées au soleil et peu appétissantes au
palais. Dans un village, fatigués de cette
alimentation, les hommes de la Thomas Flyer
demandent à des paysans qu'on leur cuisent un
poulet. On leur attrape un coq famélique qu'une
femme plume vivant. Et toujours vivant, elle
commence à le découper en tranches fines
qu'elle jette au fur et à mesure sur du charbon.
La moitié du pauvre volatile est déjà prête
à être mangé que l'autre vie toujours !
La Züst et la De Dion arrivent sur
la côte ouest du Japon à Tsuruga. Ils
embarquent sur le Longmoon en partance pour
Vladivostok le 13 mai . Le même jour, La Protos,
qui à bord du vapeur Glenlogan, a traversé
directement de Seattle à Vladivostok, sans
passer par le Japon débarque dans le port russe
et attend larrivée des autres voitures
pour continuer la course. Les équipages italiens
et français sont les seconds à arriver à
Vladivistok le 15 mai. Bourcier Saint-Chaffray
reçoit alors un télégramme de la société de
Puteaux daté du 9 mai lui demandant de quitter
la course à Vladivostock, d'embarquer la voiture
pour Pékin et de rentrer à Paris. La raison
évoquée est que la route entre Vladivostok et
Paris est semblable à celle empruntée par la
course Pékin-Paris de 1907, lors de laquelle une
De Dion Bouton 10 HP conduite par Georges Cormier
termina troisième, et que cela ne présente pas
d'intérêt pour la firme de renouveler
l'expérience. Pour Georges Bourcier
Saint-Chaffray le coup est rude. Notre homme,
opiniâtre dans son désir de poursuivre
l'aventure et de boucler le tour du monde,
achète tout le stock de carburant disponible à
Vladivostok et à Harbin. L'équipage allemand
réussit in extremis à se procurer une petite
quantité d'essence. La Thomas Flyer qui après
une traversée à bord du Mongolia parvient en
Russie le 18 mai ne peut plus en acquérir.
Persuadé que la Thomas Flyer sera la première
à arriver à Paris, le conducteur malheureux de
la De Dion demande alors à George Schuster de le
laisser partir avec eux en échange de l'essence.
L'américain refuse tout net cette proposition,
déclarant à Saint-Chaffray qui'il préfère
encore finir sa vie à Vladivostock plutôt que
de céder à ce chantage. La même proposition
est faite aux Italiens qui quittent la pièce
avec dégout. Le lieutenant Hans Koeppen déclare
alors qu'il ne veut pas profiter de la situation
et qu'il ne reprendra la course que lorsque la
Thomas Flyer aura trouvé du carburant. George
Schuster fait appel aux résidents américains de
la ville. Ces derniers puisent dans leurs propres
réserves d'essence et Schuster parvient ainsi à
collecter suffisamment de combustible pour
repartir. Finalement battu à son propre jeu,
Bourcier donne son essence à l'équipe Italienne
sans pour autant être autorisé à monter dans
leur voiture.
Dans le port russe, Hans Koeppen,
voit venir à lui Casper Neuberger et Robert
Füchs, employés des usines Protos, dont le
dernier en le mécanicien en chef. Les deux
hommes ont été dépêchés par la firme
berlinoise pour épauler le lieutenant dans la
dernière partie du raid.
Le comité de la course composé de
Jean Charcot (explorateur), François Deloncle
(député de Conchichine), le Marquis
Jules-Albert de Dion (industriel), Loïcq de
Lobel (ingénieur), Charles Rabot (explorateur
géographe), Albert Métin (politicien), se sont
réuni le 6 mai au siège du journal Le Matin
pour discuter du changement de parcours. Le
comité juge que le parcours primitif comprenant
les traversées de l'Alaska et du détroit de
Behring a été profondément modifié. Il
déclare que l'attribution d'une coupe pour la
voiture ayant réalisé l'exploit de franchir les
mers polaires n'a pas lieu d'être maintenue. Il
décide en revanche que pour récompenser les
efforts déployés par les concurrents de la
course automobile New-York Paris il sera
attribué un prix de 6.000 francs (21.700 euros
actuels) aux premiers arrivés à Paris pour leur
victoire dans ce qui s'appele désormais le
Grand-Prix du Tour du Monde Automobile. 3000
francs (10.850 euros actuels) iront au second et
1.000 francs (3.615 euros actuel) seront versés
à l'équipage de la troisième voiture à
arriver.
Apprenant que Hans Koeppen a
utilisé le train entre Ogden et Seattle, Georges
Schuster câble alors un courrier au comité de
la course basé à Paris pour demander la
disqualification de l'équipe allemande. Le
comité refuse cette demande et considère que la
requête de l'équipage américain ne mérite pas
un examen plus approfondi.
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La
Thomas Flyer sur le bateau
l'emmenant au Japon
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La
Thomas Flyer traversant
le Japon
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La
Züst au mont Fudji.
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Le 21 mai,
sous une pluie battante, la Protos et la Thomas
Flyer quittent le port russe. La voiture
allemande, partie première, est rapidement
bloquée après n'avoir parcouru que quelques
kilomètres. Victime des fortes pluies, alliées
au dégel, la voiture s'est retrouvée enlisée
jusqu'aux moyeux dans une boue collante. C'est
l'équipe de Schuster qui, les rattrapant, aide
les Allemands à extirper leur voiture de ce
bourbier dans laquelle elle a pratiquement
sombré. Hans Koeppen sort d'une malle une
bouteille de champagne dont il fait sauter le
bouchon. Le doux breuvage est bu à même le
goulot, la bouteille passe de main en main et de
bouche en bouche. Chacun trinque à cette amitié
sportive. Mais la course reprend rapidement ses
droits, et les deux voitures s'élancent vers
Paris. Comme lors de la traversée des
Etats-Unis, les concurrents utilisent les voies
de chemin de fer lorsque cela est possible, mais
les autorités russes y imposent rapidement des
conditions. La Protos qui après avoir mis en
retard un train postal et plusieurs trains de
voyageurs est interdite d'utiliser le rail. La
Thomas Flyer, elle, peut encore utiliser les
voies ferrées, à condition d'avoir à son bord
un fonctionnaire des chemins de fer. C'est au
capitaine Zamaraeff de la garnison de Kharbine
qu'échoit cette tâche. A vingt kilomètres de
Progranitchnaya (Russie), la Thomas brise
l'engrenage de sa direction sur les rails.
Georges Schuster prend le train pour Kharbine
(Russie) pour y trouver une pièce de rechange.
Le voyage dure trois jours. Quand l'utilisation
des chemins de fer n'est pas possible, ils
roulent sur des routes boueuses que les pluies de
printemps rendent encore plus impraticables. A
cela s'ajoutent le danger des hordes de bandits
et d'animaux sauvages des plaines de Sibérie et
les nombreuses pannes mécanique. Le
ravitaillement en essence est acheminé sur des
traîneaux tractés par des chiens.
Le 6 juin, la Züst quitte enfin le
port de Vladivostock. Le 8 juin, elle est à
nouveau immobilisée à Progranitchnaya (Russie),
dans l'attente d'un fonctionnaire des chemins de
fer. Celui-ci n'arrive que le 10 juin. Finalement
la voiture italienne ne reprend son parcours que
le 13 juin.
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La
Thomas Flyer aidant la
Protos près de Vladisostock
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La
Thomas Flyer en Mandchourie
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La
Züst en Sibérie
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Les
hommes de la Thomas Flyer
et leur campement en Sibérie
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La route
mène les participants à travers les paysages
immenses de la Mandchourie et de la Mongolie. La
Protos, roule bon train et prend de l'avance.
Elle arrive à Khaïlar (Russie) le 12 juin,
tandis que la Thomas rentre dans Bukhatu
(Mongolie) avec un retard de cinq jours sur Hans
Koeppen. Le 14 juin au soir, la voiture allemande
rallie Tchita (Russie). Hans Koeppen et ses
compagnons remportent par là même les 1000
dollars (25.000 dollars actuels) que la
Trans-Siberian Alaskan Railroad Compagny s'était
engagée à offrir à la première voiture à
rejoindre la ville. Dans des conditions
climatiques très dures, les températures
montent jusqu'à 45°c dans la journée pour
tomber en dessous de 0°C durant la nuit, les
hommes poursuivent inlassablement leur parcours.
En se rapprochant d'Imempo
(Mandchourie), le 16 juin, l'un des réservoirs
de la Züst prend feu. La voiture est très
sérieusement endommagée, mais les courageux
Italiens parviennent à la remettre en état de
marche et reprennent la course. La Protos atteint
le lac Baïkal le 20 juin au soir. Georges
Schuster qui n'a pas ménagé ses efforts,
éprouvant grandement le moteur de sa voiture,
n'est plus qu'à quelques encablures des
Allemands lorsqu'il parvient au lac. Tandis qu'il
gare sa Thomas Flyer devant la capitainerie, il
voit s'éloigner le ferry sur lequel est monté
Koeppen. Il lui faut attendre vingt-quatre heures
et la navette suivante pour pouvoir à son tour
franchir le lac. A Irkoutsh, le support moteur de
la Thomas se brise. Schuster trouve son salut
dans les entrepôts de la compagnie des chemins
de fer et utilise une plaque en acier d'une
chaudière de locomotive pour remplacer la pièce
cassée. Georges Schuster pousse sa voiture à
travers les plaines de l'Oural et se rapproche
avec obstination de la Protos. La voiture
Allemande arrive poussivement à Moscou,
pneumatiques et ressorts avant cassés.
Heureusement, la firme Protos possède une
succursale dans la ville russe et la voiture peut
être rapidement remise en état de marche.
Koeppen est à St Pétersbourg, sur les bords
marécageux du delta de la Néva le 20 juillet.
Passant dans la ville de Moscou à toute allure,
Schuster arrive à St Pétersbourg, la Venise de
la Baltique, avec trois jours de retard. Les
Américains continuent à forcer l'allure et ne
sont plus qu'à un jour des Allemands lorsqu'ils
franchissent la frontière. Les Italiens qui
poursuivent vaillamment sont à Tomsk (Russie) le
22 juillet.
Les routes s'améliorant au fur et
à mesure que les concurrents s'enfoncent sur le
continent européen, la Protos reprend un peu
d'avance et sur les routes filantes de Pologne et
d'Allemagne, la Thomas Flyer peine à la suivre.
Le 24 juillet, informés de l'arrivée prochaine
de Hans Koeppen, des membres de L'Automobile Club
Impérial vont au-devant de la Protos et se
rendent à Muncheberg. Ils vont accompagner le
conducteur allemand sur les derniers cinquante
kilomètres qui le séparent de Berlin.
Le jour où Hans Koeppen franchit en
héros les portes de la capitale allemande, le
comité de patronage se réunit une fois de plus
à Paris. Lors de cette nouvelle réunion, il y
est décidé que les arrivées des concurrents du
tour du monde soient effectuées comme suit : La
Protos partit de Berlin pour Hambourg, finira de
facto sa course à Berlin. La Thomas partit de
New-York doit pour avoir terminé son tour du
monde être retournée à New-York. La Züst,
quant à elle finira son tour du monde
lorsqu'elle arrivera à Paris. De plus, le
comité inflige à la voiture allemande une
pénalité de quinze jours sur son temps pour
avoir pris le train entre Ogden et Seattle sur la
côte Pacifique, et quinze autres jours pour ne
pas avoir traversé le Japon, ayant fait
directement le voyage de Seattle à Vladivostock.
Malgré les décisions du comité,
le Lieutenant Hans Koeppen poursuit sa route et
arrive aux portes de Paris où il est accueilli
nonchalamment par deux officiers de l'octroi qui
lui demande son bon de sortie d'essence. (Note
de l'auteur : lorsquune automobile se
présentait à la barrière de loctroi, le
préposé jaugeait la quantité dessence
contenue dans le réservoir. La même opération
se renouvelait à la sortie et le propriétaire
de la voiture payait une taxe sur la quantité
dessence consommée pendant la traversée
de la ville) . Il reprend son chemin le long
des boulevards sans que son passage ne soulève
la moindre curiosité. Il se range devant le
siège du journal Le Matin dans une indifférence
générale, le 26 juillet 1908 à 18h00 . Et
comme le rapporte le journaliste Marcel Viollette
dans la revue la Vie au Grand Air, les
représentants du journal qui le reçoivent lui
disent :" C'est bien gentil de vous être
dérangés pour venir nous voir, mais vous auriez
pu vous arrêter à Berlin, c'était fini pour
vous. Bonsoir, Messieurs". Après avoir
reçu tant d'accueils chaleureux, comme en Russie
où à Saint-Pétersbourg, le tsar et la tsarine
les convièrent à une audience privée, ce
désintérêt pour ce dernier effort pèse lourd
dans le coeur des hommes de la Protos. Ils
reçoivent du Grand-duc Alexandre Michaïlowitch
une coupe en or d'une valeur de 15.000 roubles (155.100
euros actuels) pour être la première
voiture à être arrivée à Paris. Deux jours
plus tard au Pavillon d'Armenonville, Mr Price,
directeur de la Compagnie Dunlop, MM. Walker,
Merry et Puy, dirigeants de la société,
convient Hans Koeppen, Oscar Heymann, directeur
général des Automobiles Protos et quelques
journalistes autour d'un déjeuner afin de fêter
l'arrivée de ces aventuriers qui firent le
parcours de New-York à Paris au volant d'une
voiture équipée de pneumatiques cannelés et
antidérapants Dunlop.
Il est 8h00 ce 27 juillet lorsque la
Thomas Flyer arrive à Berlin. Georges Schuster
n'a pas de temps à perdre et trois heures plus
tard, il repart. Le 30 juillet il parvient à
Paris. Alors qu'il descend le boulevard des
Capucines, un sergent de ville l'interpelle, fait
ralentir la voiture et l'immobilise. Les
lanternes du véhicule sont cassées et sans
éclairage, la Thomas Flyer ne peut pas rouler.
Georges Schuster tente alors de discuter et
d'expliquer la situation mais rien n'y fait, le
policier reste inflexible. Un cycliste propose
alors le phare de son vélo, mais ne parvenant
pas à le détacher, la bicyclette est hissée
sur le siège avant et Schuster peut ainsi finir
son périple. Il arrive devant les bureaux du
"Matin", boulevard Poissonnière à
20h00. Mais personne n'est présent pour le
recevoir, aussi doit-il repartir et revenir le
lendemain après-midi où une cérémonie est
organisée devant une foule de curieux et la
fanfare de la garde Républicaine. La Thomas
repart quelques jours plus tard et arrive le 17
août 1908 à Times Square, bouclant ainsi son
tour du monde.
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La
Protos est la première à
arriver à Paris
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La
Thomas Flyer dans les rues
de Paris
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Une
foule tumultueuse entoure
la Thomas Flyer victorieuse
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Les
vaillants Italiens qui n'ont pas abdiqué,
arrivent à Moscou, la troisième Rome, le 25
août. L'état de la voiture nécessite de
nombreuses réparations avant de pouvoir
s'élancer dans un ultime effort vers la capitale
Française. Près de Saint-Pétersbourg, alors
qu'ils traversent un petit village, remontant la
rue principale, ils croisent la route d'un cheval
attelé à une charrette qui effrayé par le
bruit de la voiture s'emballe et renverse un
enfant dans sa course folle. Le jeune garçon
décède de ses blessures. Sans ménagement, les
autorités jettent en prison Antonio Scarfoglio
et ses compagnons. Innocentés, ils sont
relâchés trois jours plus tard et repartent
vers Berlin où un accueil chaleureux les y
attend le 6 septembre. Le 16 septembre la voiture
passe à Meaux en direction de Metz et Paris, but
ultime de leur voyage. Le 17 septembre la Züst
arrive boulevard Poissonnière. Leur arrivée est
saluée par des hourras et de nombreuses
bouteilles de champagne sont débouchées en leur
honneur.
La Thomas Flyer est déclarée
victorieuse du New-York Paris.
Le journal populaire allemand
Berliner Zeitung am Mittag écrit dans les jours
qui suivent, un article provocateur dans lequel
il considère que la Protos est la gagnante du
raid New-York Paris. L'éditorialiste juge que la
course ayant été grandement modifiée, un
nouveau départ a été donné à Vladivostok.
L'équipe allemande avait de ce fait toute
liberté pour rejoindre la Russie par les moyens
qui lui convenaient le mieux et qu'il est
arbitraire et antisportif d'infliger à la Protos
les pénalités reçues lors de la première
partie de la course.
Peu avant sa mort, lors dune
interview au journal italien Il Mattino en 1969,
Antonio Scarfoglio résuma lexploit
réalisé par ces hommes : "Aller sur la
lune est certainement une grande aventure
technique et humaine
mais savez-vous
quelque chose ... Jai conduit une voiture
autour du monde en 1908."
(Nota Bene : Les équivalences
Roubles et Dollars de 1908 sont des estimations
faîtes par rapport à la valeur de l'Euro de
2017)
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© Thierry Cann - 2018 - Quimper
- Septembre 2017 - Février 2018. Révision et
ajout d'informations historiques en Mai 2022 |
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